QUELQUE NOTES SUR LA CONFERENCE :
Le collège Saint François Xavier de Vannes nait en 1850, à la suite de la loi Falloux. Les jésuites expulsés en 1828 reviennent à Vannes et s’installent dans l’ancien Couvent des Ursulines qu’ils restaurent et aménagent pour accueillir de élèves.
L’éducation jésuite est très renommée, en particulier dans les classes aisées de la société. De ce fait, les élèves sont issus principalement de familles de l’aristocratie foncière de la région bretonne de Quimper à Nantes.
Pendant le second Empire les catholiques vont cesser de soutenir Napoléon III et certains s’engagent pour défendre Rome. Ces hommes sont recrutés en France, et 131 vannetais s’engagent dans les zouaves Pontificaux dont des enfants des familles Cadoudal, De Charrette, De Strogoff, De Kersabiec etc… C’est un échec, mais la popularité des ces hommes reste immense auprès des élèves de SFX . Et ce souvenir se perpétuera pendant plusieurs décennies.
Ainsi le Pape Pie IX restera sensible au souvenir des zouaves vannetais. Il aura l’occasion de dire « De tous les collèges, aucun ne m’a donné autant de défenseurs que celui de SFX ».
Les années de République sont des années de luttes pour deux raisons; D’une part, l’inspiration des élites catholiques se situe dans le rejet du monde moderne, ils sont contre la démocratie, le libéralisme et donc contre la République, d’autre part ces élites et donc les Jésuites sont monarchistes, mais plutôt absolue.
De ce fait, la république va lutter contre l’influence de l’Église et instaurer la laïcité, violemment rejetée, par l’Église. Les lois ne s’appliqueront pas sans mal, ainsi le 16 octobre 1880, une manifestation de 3 000 personnes se réunit devant le collège pour soutenir les jésuites. Le collège ne sera donc pas fermé, mais les jésuites ne sont plus les bienvenus. Petit à petit les congrégations vont être exclues des écoles, et vont devoir s’exiler. Les anciens élèves de SFX réussissent en 1881 à monter une association de propriétaires. N’étant plus sous le coup de la loi anti congrégations, SFX continuera malgré le départ de Jésuites entre 1901 et 1920 et sera dirigé par des prêtres du diocèse.
En 1914-1918 nombres d’élèves tomberont au champ d’honneur (382) une fresque rappelle leur souvenir dans la grande chapelle. Après la guerre les jésuites vont revenir et resteront à Vannes jusque dans les années 1980.
Pendant la seconde guerre une partie du collège sera réquisitionné par les Allemands ce qui suscitera des frictions entre eux et les élèves. Globalement d’ailleurs, les élèves sont plutôt du côté du refus de l’occupation, certains partiront rejoindre la résistance.
Après guerre un incendie ravage le collège en 1949. La reconstruction se fera grâce à la mobilisation de tous, et à cette occasion sera instauré le système des équipes. La période des années 50 et 60 est marquée par une ouverture sur l’Europe avec le Père Du Rivau et le Père de Solages, c’est à cette époque que Volker Schlöndorff sera élève à SFX. EN 1987 les Jésuites quittent la direction qui est alors confiée à un Laïc. Mais l’inspiration ignatienne reste entière.
Pour ce qui concerne la vie quotidienne et l’organisation des études, on peut remarquer quelques points.
L’idée maîtresse des Jésuites est de former des élites. On leur enseigne donc l’esprit de compétition, la virilité. Mais quelque soient les capacités ou les compétences des élèves, l’objectif est de trouver quelles sont les qualités de chacun pour les mettre en valeur et permettre à tous de réussir. Le latin est la base de l’enseignement. On contraint les élèves à le parler à la récréation. On parle, on pense en latin. En substance, le Père Pillon souhaite : des jeunes qui puissent faire partie de l’élite française. Le BAC n’est pas si important (50% de réussite) « On ne peut pas avoir la prétention de couler tous les cerveaux dans le même moule ».
La vie quotidienne est globalement dure même si les choses s’améliorent progressivement. Ainsi en 1939, le chauffage central est installé. Avant l’encre gelait dans les encriers. D’ailleurs les décès étaient fréquents dans l’établissement, car les conditions de vie étaient difficiles, comme dans tous les collèges du XIX° et du premier XX° siècle.
La présence des élèves commence le dimanche soir ou le lundi matin. Les cours débutant à 7h10 et s’achevant à 20h57 heures, et le Dimanche de 7h25 à 11h57. Les absences sont interdites sauf exceptions dûment autorisées.. Les élèves portent l’uniforme, et le port de la casquette est obligatoire. Pendant l’année ils quittent peu le collège (du moins les internes. Il y a peu de petites vacances (3 à 4 jours) et les grandes durent du 15 juillet au 1er octobre.
Les Jésuites apprécient les débats entre les élèves, le théâtre fait partie de l’éducation des Jésuites.
L’architecture reflète la volonté des Jésuites d’une fermeture sur la ville et d’une ouverture sur la nature.
L’instruction est le but essentiel, mais on s’intéresse à l’orientation des élèves, qui embrassent des professions de prestige qui les placent dans l’élite du pays : beaucoup de généraux, de prêtres, d’ingénieurs, d’enseignants etc.
Quant aux sanctions, certaines sont positives comme « les mentions ou les faveurs » d’autres sont draconiennes : enfermé plusieurs jours au pain et à l’eau, ou contraint de faire plusieurs pages de lignes.
La vie religieuse est primordiale au sein du collège. Toutes les fêtes religieuses sont honorées et les élèves sont présents pour Noël, Pâques etc… Et trois jours de retraite sont organisés à la rentrée. Les vannetais suivent ces fêtes, les parents abandonnant l’éducation de leurs enfants aux Jésuites.
L’ambiance est familiale, les méthodes innovantes, une prise de responsabilité importante est offerte aux élèves dans le but toujours de former les élites. Ainsi on trouve un bibliothécaire, un questeur (chargé du courrier) un panetier (pour le gouter) le réglementaire (responsable de la cloche).
Dans la vie du collège il y a un personnage dont on parle souvent mais qu’on voit peu malgré un prestige considérable, c’est le Père Recteur, il dirige les activités spirituelles, fait des sermons ou des causeries religieuses et évidemment préside toute les grandes fêtes. Il semble bien qu’il y ait une grande distance entre lui et les élèves ce qui évidemment renforce ses interventions. Les questions de disciplines courantes sont laissées aux préfets des études et aux surveillants. Le Père Recteur n’intervient qu’en dernier recours
L’ambiance est finalement assez familiale et conviviale. D’une part on observe un règlement sévère, une autorité absolue, souveraine et omnipotente, supérieure à celle des parents qui ne s’en plaignait pas évidemment puisque tel était leur choix. D’autre part une pédagogie d’ouverture, attentive aux différences et aux particularités de chacun, mais désireuse de former une élite comme d’ailleurs le voulait St Ignace. Une pédagogie donc, traditionnelle à certains égards, fondée sur la répétition comme dans tout l’enseignement de cette époque mais utilisant aussi des méthodes qui semblent très modernes comme le Bain linguistique pour le latin, le théâtre, les débats contradictoires et argumentés, les compétitions intellectuelles et la prise de responsabilité que ce soit dans le domaine caritatif ou dans le domaine de l’organisation interne du collège.
Les nécessaires espaces de défoulement existaient pour tous ces garçons enfermés plusieurs mois durant et étaient assez nombreux somme toute. Ils permettaient des relations entre jeunes et adultes marquées par le respect du savoir ( lors des promenades les professeurs en profitaient pour faire des petites conférences sur les curiosités rencontrées), et surtout de l’autorité.
Les cinquante dernières années ont vu SFX prendre le rivage de la modernité, de la sécularisation, de la massification qu’on appelle aussi démocratisation de l’enseignement,. Le collège devenu Collège-Lycée a-t-il été fidèle à son passé de façon frileuse ou dynamique ? C’est tout l’enjeu de l’avenir.
Lire l’article en PDF : QUELQUE NOTES SUR LA CONFERENCE FAITE PAR MR CHEREL